Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/33

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Ce progrès doit se faire, non par destruction, mais par interprétation. L’interprétation suppose la tradition qu’on interprète, et la liberté qui interprète… Que d’autres choisissent entre elles ; moi, il me les faut toutes deux ; je veux l’une et je veux l’autre… Comment ne me seraient-elles pas chères ? La tradition, c’est ma mère, et la liberté, c’est moi ! » [Leçon du 28 avril 1842.]

Nul enseignement n’a été plus animé du libre esprit chrétien qui fit la vie du moyen âge. Tout préoccupé des causes, et ne les cherchant que dans l’âme (l’âme divine et humaine), il fut au plus haut degré spiritualiste, et l’enseignement de l’esprit.

De là, les ailes qui le soulevèrent, et le firent passer par-dessus maint écueil, où d’autres plus forts ont heurté.

Un seul exemple, l’art gothique.

Le premier qui le remarqua, lequel n’était pas chrétien, et n’y vit rien de chrétien, le grand naturaliste, Gœthe, admira dans ces répétitions infinies des mêmes formes, une morte imitation de la nature, « une cristallisation colossale. »

Un des nôtres, un puissant poëte, doué d’un sentiment moins noble, mais plus ardent de la vie, sentit ces pierres comme vivantes ; seulement, il se prit surtout