Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/36

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voyaient tout cela comme costumes et blasons, drapeaux, armes curieuses, coffres, armoires, faïences, que sais-je ?… Et moi, je ne vis que l’âme.

Je laissai ainsi de côté et les pittoresques avec leurs vaines exhibitions de figures de cire qu’ils ne peuvent mettre en mouvement, — et les turbulents dramaturges qui, prenant des membres quelconques, l’un d’ici, l’autre de là, mêlaient et galvanisaient tout, au grand effroi des passants… Tout cela est extérieur, c’est la mort ou la fausse vie.

Qu’est-ce que la vraie vie historique, et comment l’homme sincère, qui compare le monde et son cœur, la retrouve et peut la refaire… Telle fut la haute et difficile question que je posai dans mes derniers cours[1]. Les efforts successifs de tous ceux qui vont venir, l’avanceront peu à peu.

Pour moi, le fruit de mon travail, le prix d’une vie laborieuse, serait d’avoir mis en pleine lumière la vraie nature du problème, et par là peut-être préparé les solutions. Qui ne sent quelle serait l’immensité des résultats spéculatifs, la gravité des résultats pratiques pour la politique et l’éducation ?

Je n’eus jamais un sentiment plus religieux de ma mission que dans ce cours de deux années ; jamais je

  1. Et que je vais mieux poser dans un livre spécial.