Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ture, rien pour l’art, et moins que rien. Voyez sous leur influence, cette peinture fardée, vieille coquette et minaudière, qui, à partir de Mignard, s’en va toujours pâlissant[1].

Non, ce ne sont pas là vos œuvres. Vous en avez d’autres qu’il faut montrer.

Vos histoires d’abord[2], souvent savantes, toujours suspectes, toujours dominées par un intérêt de parti. Les Daniel, les Mariana, auraient voulu être véridiques qu’ils ne l’auraient pu. Il manque une chose aux vôtres, celle que vous travaillez le plus à détruire, celle justement qu’un grand homme déclare la première qualité de l’historien : « Un cœur de lion pour dire toujours vrai ! »

Au fond, vous n’avez qu’une œuvre à vous : c’est un code.

J’entends les règles et constitutions par lesquelles vous vous gouvernez ; ajoutons la dangereuse chicane à laquelle vous dressez vos confesseurs pour le gouvernement des âmes.

  1. Le Poussin n’aimait ni les Jésuites, ni la peinture des Jésuites. Il disait sèchement à ceux qui lui reprochaient de représenter Jésus-Christ sous une figure trop austère : « Que notre Seigneur n’avait pas été un père douillet. »
  2. L’ordre tout entier est un historien, un biographe infatigable, un laborieux archiviste. Il raconte, jour par jour, à son général, tout ce qui se passe au monde.