Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/135

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et les chefs du peuple. A voix basse ils commencent à se consulter ; ils louent entre eux la sagesse de Libussa. Lutobor, seigneur de Dobroslawsk, se lève et dit ces paroles :

« — Souveraine illustre, nous avons pesé vos paroles, faites recueillir les voix de l’assemblée.

» — Les vierges de la justice recueillent les votes, et, les mettant dans le vase sacré, les présentent aux guerriers pour qu’ils proclament la sentence. Radowan, l’un des chefs, compte les voix et rend ainsi la sentence :

» — O frères, nés de la même mère ! O Klénowicz de l’antique race de Popiels, réconciliez-vous ! Vous ne pouvez partager l’héritage paternel ; jouissez-en en commun et en paix.

» — Mais Chrudosz, seigneur de l’otawa, se dresse ; le fiel s’étant répandu sur son cœur, il tremble de tous ses membres ; il menace de la main ; il mugit comme un taureau :

» — Malheur aux petits oiseaux quand la vipère se glisse dans leur nid ! Mais malheur surtout aux guerriers quand c’est une femme qui gouverne ! C’est aux hommes de commander aux hommes ! C’est au premier né qu’appartient l’héritage paternel !

» — Libussa se lève du trône de ses ancêtres et dit aux guerriers, aux anciens et aux chefs du peuple :

» — Vous entendez comme on m’outrage ! Soyez vous-mêmes juges d’après la loi ; je ne veux plus décider de vos querelles. Choisissez parmi vous un