Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/218

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au secours de Constantinople ; mais Amurat, sultan des Turcs, plus habile que ses adversaires, ayant d’ailleurs à sa disposition de meilleures troupes, les surprit près de Taganrog, et détruisit presque toute leur armée. Woucachin et Yug périrent sur le champ de bataille. Lazare seul put s’échapper, et fut proclamé plus tard roi de Serbie. Mais dix-huit ans après, Amurat, ayant terminé ses affaires en Asie, débarqua de nouveau, et demanda un tribut aux Serbiens.

Le roi Lazare envoya des ambassades de tous côtés pour demander des secours. Le roi de Hongrie, qui avait des démêlés avec les Serbiens, resta spectateur tranquille de cette lutte. Les empereurs d’Allemagne n’envoyèrent ni les troupes ni l’argent qu’on leur demandait. La Pologne était encore très éloignée ; elle n’apparaît sur la scène que vingt années plus tard. Le roi Lazare, réduit ainsi à ses seules ressources, réunit quelques troupes d’Albanais, de Bulgares, de Serbiens, et présenta la bataille.

Mais la discorde se mit entre les chefs de son armée. Les deux beaux-fils du roi, Milosch et Wuk, les plus vaillants et les plus influents des seigneurs serbiens, se haïssaient mutuellement ; ils étaient encore excités dans leur haine par leurs femmes qui se détestaient. Wuk, aveuglé par sa passion, entretenait des correspondances avec les Turcs, et préparait sa trahison. Il commença par calomnier son beau-frère, le vaillant Milosch, en l’accusant de vouloir trahir la cause des Serbiens.

Milosch, outré des reproches du prince, ne répon-