Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/225

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ponds en toute vérité à ce que je te demande : Pourquoi me présentes-tu la coupe ainsi ? Pourquoi me regardes-tu de travers ? Ton cheval serait-il malade ? Aurais-tu usé tes habits ? ou bien serais-tu à court d’argent, mon fils ? Dis donc ce qui te manque à ma cour.

» Le serviteur Lazo lui répond :

— » Mon cheval n’est pas éreinté, mes habits ne sont pas encore usés et j’ai assez d’argent, car à votre cour on ne manque de rien ; mais puisque vous m’interrogez, je vous répondrai sincèrement. Tous vos serviteurs, et même ceux qui se sont engagés après moi, sont déjà établis ; tous son mariés, moi seul, je reste orphelin ; tu ne veux pas me marier pendant que je suis encore jeune et beau.

» Le vaillant roi Étienne lui répondit :

— « Par Dieu ! Ô mon fidèle Lazo, je ne puis pas pourtant te marier avec la fille de quelque gardien de bœufs ou de porcs. Je cherche pour toi une noble fille et pour moi de braves amis qui puissent s’asseoir à mes côtés et avec lesquels je puisse boire joyeusement mon vin. Écoute ! serviteur fidèle. J’ai déjà trouvé pour toi une noble fille, et des amis fidèles pour moi : c’est Militza, la fille chérie, la plus jeune des enfants du vieil Yug Bogdan, la sœur cadette des neuf Yugowitchs. Le roi Yug a neuf fils. Mais je n’ose pas en parler à Yug, et ce n’est pas une chose facile d’en parler ; car Yug est vieux, il est de haute naissance, et il ne voudrait pas donner sa fille à un pauvre page comme toi. Mais, écoute, ô fidèle serviteur, aujourd’hui c’est vendredi, demain samedi, et après-demain