Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/244

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domestique qui puisse te porter à Kossowo une lettre de ma part, et me rapporter la réponse ; et tu m’enlève mes neuf frères chéris, mes neuf Yugowitchs ! Oh ! laisse-moi du moins un seul de mes frères !

» Le roi Lazare lui répond :

— » Chère épouse, reine Militza, lequel de tes frères veux-tu que je laisse dans mon palais ? prends- le ?

— » Laisse-moi Bozko, lui dit-elle. — Et Lazare lui répond :

— » Chère reine Militza, lorsque demain l’aurore se lèvera, et que le soleil apparaîtra lumineux et chaud, lorsqu’on ouvrira les portes de la ville, sors de la ville, et arrête-toi près de la porte. Là, les guerriers commenceront à défiler en ordre de bataille, tous à cheval, la lance à la main. À leur tête marchera Bozko portant l’étendard de la croix ; tu le prieras de ma part qu’il remette l’étendard à un autre, et qu’il reste avec toi au palais. — »

La reine exécute ces ordres ; elle part, elle sort de la ville et s’arrête près de la porte ; l’armée défile dans l’ordre qui est décrit d’avance.

« Déjà les troupes sortent en ordre, déjà Bozko paraît : il monte un cheval alezan resplendissant d’or pur ; il porte la grande bannière du Christ, qui flotte et couvre de ses plis le corps de son cheval. Sur la bannière brille une pomme d’or, de la pomme d’or descendent trois croix d’or, et de chaque croix d’or pendent des houpes qui flottent sur les épaules de Bozko. La reine arrête son frère chéri et lui dit :

» — Cher frère Bozko, le roi vient de te donner