Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/81

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on n’y rencontre nulle trace d’un pouvoir régulier. Les vieillards étaient censés posséder les traditions du passé, les secrets de l’agriculture, les mystères du culte, en un mot les connaissances nécessaires dans toutes les circonstances politiques et religieuses.

Le village, dirigé par son conseil de vieillards, administrait les biens en commun. L’hérédité, dans le sens que nous attachons à ce mot, n’existait pas chez les Slaves. Ils ne regardaient pas comme propriété de l’homme, comme faisant partie de son individualité, · le sol sur lequel s’exerçait son industrie. Ce fait extraordinaire a été démontré par un de nos légistes, M. Hubé. Les instruments aratoires et le bétail revenaient, à la mort du propriétaire, à ses héritiers descendants ou ascendants ; mais le sol appartenait toujours à la commune. Chaque famille avait pour son usage particulier un morceau de terre attenant à la maison et servant de jardin potager ; tout le reste du terrain labourable était cultivé par la communauté. L’établissement des greniers en commun, des corvées en commun, etc., et tant d’autres coutumes qui se sont conservées dans les campagnes, en Russie et en Pologne, confirment ce que nous disons ici de cette ancienne organisation ; seulement, tout ce qui dans les villages polonais et russes appartient aujourd’hui au gouvernement ou au seigneur, n’appartenait jadis qu’à la commune.

L’organisation primitive des Slaves nous étant suffisamment expliquée, jetons maintenant les yeux sur le passé historique de ces peuples. D’abord, on les voit s’avancer paisiblement du fond de l’Asie vers l’Europe,