Aller au contenu

Page:Migne - Encyclopédie théologique - Tome 32.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
230
LUX LUX


mes à l’impureté ; soit que ce soit leur intention, ce qui serait horrible ; soit qu’elles le soupçonnent seulement.

« 8" C’est, suivant te même saint docteur, un péché mortel de se mettre hors d’état, par l’éclat dans lequel on vit, de faire les aumônes nécessaires de ne rien réserver pour remplir un devoir si pressant dans l’ordre de la société et de la religion. On fait, dit-on, gagner les ouvriers et les artisans ; mais ce n’est pas faire l’aumône, c’est payer leur travail, ou leurs marchandises ; c’est justice, ce n’est pas charité ; les pauvres n’en sont pas moins oubliés. Le péché est encore plus criant, lorsque ces dépenses excessives absorbent les fonds nécessaires pour acquitter les testaments dont on peut être chargé, ou en retardent notablement l’exécution. La justice et la charité doivent certainement aller, même avant la bienséance d’état.

« 9° Le scandale peut aisément, en ce genre, former un péché très-grief, surtout en ceux qui donnent les premiers l’exemple d’un certain luxe, en forment par là une espèce de nécessité pour les personnes d’un certain état ; d’où s’ensuivent la ruine des maisons qui se trouvent forcées de suivre cet exemple, ou qui s’y conforment par imitation, la diminution des aumônes publiques, la misère des pauvres, l’estime d’une pompe mondaine, et l’affaiblissement de la religion.

« C’est ce qui a fait donner, par saint Charles, cette règle générale, que ceux qui aiment le faste, et donnent dans le luxe de la table, des ameublements, des habits, s’en occupent avec une espèce de passion doivent être regardés par les confesseurs comme des gens qui mènent une vie antichrétienne et incompatible avec le salut. Ils peuvent bien regarder cette manière de vivre comme honnête et convenable à leur condition mais est-elle conforme à l’Evangile ? Qu’un confesseur leur en présente les maximes, s’ils ont encore quelque sentiment de religion, il faudra bien, dit saint Charles, qu’ils se rendent et ils ne pourront pas se dispenser de convenir que si les maximes du monde les autorisent, celles de Jésus-Christ les condamnent, et qu’user de complaisance en ce point, c’est abjurer l’Evangile même. On a déjà observé plus d’une fois que les confesseurs zélés font en cela le bien, quand ils le veulent, et que le désordre ne subsiste que par leur faiblesse et leur connivence. » Voy. Modestie.

LUXURE.

1. La passion la plus générale et la plus forte, la plus séduisante et la plus dangereuse, la plus douce en apparence et la plus violente en effet, c’est l’amour, l’amour charnel. Puissions-nous le caractériser convenablement, en faire comprendre l’étendue, en développer les excès, et lui appliquer des remèdes convenables !

2. L’amour est de tous les âges. Dès la première enfance avant l’âge de raison, l’enfant est sollicité par la nature corrompue à des actes d’indécence. On ne peut avoir


fait un pas dans la vie, suivi un instant l’enfance, sans en être convaincu. Si nous osions rapporter ce que nous savons sur ce point, on serait autant étonné qu’effrayé des actes auxquels des enfants de quatre ans se sont laissé entraîner. Quelques-uns ont épuisé leurs forces, ruiné leur tempérament. Nous rappelons ces faits pour éveiller la vigilance des parents et des maîtres, qui s’endorment trop facilement sur ce sujet. L’amour existe aussi dans les glaces de la vieillesse. Il y a des vieillards à cheveux blancs qui ressemblent à ces montagnes volcanisées, dont le sommet est couvert de neige. Elles recèlent dans leur sein les brasiers les plus ardents. L’âge où l’amour s’exerce avec le plus de violence est l’âge de puberté. Il se présente alors sous mille formes. Tout semble l’insinuer la belle nature, l’harmonie, les jeux, les spectacles, lui servent d’aliment.

3. L’amour se cache sous le voile de la douceur c’est un fruit agréable à la vue, mais qu’il est amer au goût ! C’est un poison qui dévore, un feu qui consume, un vin qui enivre les plus forts. Celui qui est assez insensé pour s’abandonner à ses fureurs est perdu tout entier. Voyez ce squelette ambulant, dont les yeux sont renfoncés, les joues creuses la bouche livide dont tout l’être fait naître le dégoût:c’est une victime de l’amour. Voyez cet homme dont l’esprit est agité, inquiet, affaibli ; une seule pensée l’occupe, le possède, le poursuit, c’est une pensée impure. Ses affaires languissent, sa fortune se dissipe, sa vivacité s’éteint, la folie le gagne ; c’est encore une victime de l’impureté. Voyez enfin cet homme sombre et rêveur ; il avait reçu de la nature un cœur excellent, des inclinations heureuses. Aujourd’hui il n’a plus un sentiment élevé, un moment de bonheur il est régenté par un tyran qui le tourmente, l’abaisse, l’avilit, le martyrise. Ce tyran est encore l’amour. Hercule file lâchement aux pieds d’Omphale, Samson livre sa tête à Dalila, Salomon perd toute sa sagesse au milieu des femmes étrangères.

4. Cependant l’amour peut être légitime; Dieu l’a consacré à la conservation de l’univers. Lorsqu’il est avoué par la raison, que dans une union sainte et consacrée par la religion, il a pour but les fins du Créateur, non-seulement il n’est pas un mal mais il est un devoir qui doit régner en maître entre les époux. Nous tracerons les qualités de l’amour conjugal en traitant de la chasteté des époux. Ce n’est pas de cet amour que nous voulons actuellement nous occuper. Nous flétrissons l’amour illégitime qui cherche à se produire en dehors d’une union sainte.

Pour apprécier convenablement l’amour nous rechercherons quelles en sont les causes et ses remèdes. Nous nous en tenons à ces considérations générales, parce que nous consacrerons un article particulier à chacune des espèces de péché de luxure. Voy. Adultère, Fornication, Pollution, Sodomie, Tactus impudici, Debitum comjugale,