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Page:Migne - Encyclopédie théologique - Tome 32.djvu/121

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DICTIONNAIRE DE THEOLOGIE MORALE


ver. Il faut dans cette médication employer de grands remèdes tandis que les malades refuseront de les accepter, il n’y a pas de guérison à attendre.

Le premier et le plus essentiel moyen de succès, c’est de rompre toute espèce de liaison, de détruire toute relation. La plupart des coupables refusent d’accepter ce moyen. Ils se persuadent qu’en veillant avec plus de soin sur eux-mêmes, ils pourront renoncer au mal et revenir à une innocente amitié. C’est là une grande illusion de l’amour propre et de la passion ; cette résolution suffit peut-être pour maintenir pendant quelques jours ou quelques semaines, dans la ligne du devoir, mais bientôt on retombe dans ses égarements. Il n’y a qu’un moyen de sécurité,


c’est la fuite. On objecte encore la crainte du monde : il sera surpris d’une rupture, il en cherchera le motif ; que dira-t-il ? Si un impudique était réellement ami de son honneur et de sa réputation, je lui dirais de ne point se faire illusion ; il n’a pas jusqu’alors échappé à la critique du monde. Oh ! quel serait la désespoir de cette femme, si elle savait les soupçons qu’elle fait naître, je ne dirai pas parmi les personnes vertueuses qu’on pourrait soupçonner d’une délicatesse excessive ; elles sont les plus indulgentes, car la vertu ne pense pas le mal ; mais parmi le monde, et le monde le moins vertueux. En rompant toute liaison, on fera taire toutes les langues médisantes, et une réputation flétrie en sortira peut-être avec honneur.

M


MACÉRATION.

Depuis la révolte de notre premier père contre le souverain maître de l’univers. la chair s’est constamment révoltée contre l’esprit. Le christianisme a établi pour principe que l’esprit doit dominer la chair. Mais pour la dominer il faut la combattre. Or, un moyen assuré de remporter la victoire, c’est de mortifier la chair. La macération de la chair est donc une conséquence du christianisme. Il faut cependant que la macération soit renfermée dans de justes bornes ; si elle portait une atteinte considérable à la santé ou à la vie, la loi morale la condamnerait, loin de la regarder comme une perfection. Nous ne faisons qu’indiquer ici des principes qui sont amplement développés au mot Satisfaction.

MAGIE.

Art d’opérer des choses surprenantes et merveilleuses soit par le secours de la nature soit par le secours de l’art, soit par le secours du diable ; de là vient la distinction de magie naturelle, magie artificielle et magie noire ou diabolique. Du premier genre pourrait être la guérison de l’aveugle Tobie, par le moyen du cœur, du fiel et du foie d’un poisson qui était sorti du Tigre pour dévorer son fils ; mais c’est plutôt un miracle de la puissance de Dieu. Du second genre sont les oiseaux d’or de l’empereur Léon, qui chantaient ; les oiseaux d’argent de Boëce, qui chantaient et volaient, etc. Enfin, du troisième genre sont les évocations des esprits, et autres prodiges de cette espèce, qui ne peuvent se faire sans l’entremise du diable ; et ce n’est que de ce dernier genre que nous parlons ici.

Nous n’ignorons pas que certains philosophes prétendent que cette magie noire est un art absolument chimérique ; que les contes de sorciers et ceux de fées sont au même rang que tous les prodiges des magiciens n’ont été opérés que par des moyens physiques ignorés de la multitude ; mais nous croyons qu’il y a, sur cet article comme sur plusieurs autres, un milieu à tenir entre


l’incrédulité excessive et la trop grande crédulité. Il est vrai, et nous avouons que, dans des siècles d’ignorance et de barbarie, on a beaucoup exagéré et multiplié les merveilles opérées par les magiciens ; qu’on a regardé bien des effets naturels comme des œuvres de la magie et qu’on a souvent donné le nom de magiciens à des gens qui n’étaient qu’habiles et industrieux ; mais, après avoir bien pesé les autorités de part et d’autre, on est forcé de convenir que, non-seulement il peut y avoir, mais qu’il y a eu des gens qui, par des moyens criminels, ont opéré des choses au-dessus des forces de l’art et de la nature. Le seul témoignage de l’Ecriture pourrait nous suffire pour le prouver. Elle appelle les magiciens de Pharaon malfaisants, malefici, et dit que ce fut par des enchantements égyptiens qu’ils changèrent leurs baguettes en serpents et l’eau du fleuve en sang. Ce qu’on lit au xxviiie chap. du premier livre des Rois est curieux et décisif. Il s’agit d’une évocation et c’est particulièrement sur ce point que les philosophes dont nous parlons sont incrédules. « Saül, près de livrer bataille aux Philistins, consulte le Seigneur sur l’événement, et n’en reçoit point de réponse. Désespéré de ce silence, il dit à ses gens : Cherchez-moi une devineresse ; je l’irai consulter, et je saurai, par son moyen ce que le Seigneur s’obstine à me cacher. Ses gens lui dirent : Il y a une devineresse dans Endor. Saül se déguise ; et, accompagné seulement de deux hommes, il va trouver la devineresse, et lui dit : Employez pour moi les secrets de votre art, et faites-moi venir celui que je vous nommerai. Vous savez, lui répondit la devineresse, que Saül a banni d’Israël tous les magiciens et devins pourquoi me tendez-vous des pièges, afin que la loi me fasse mourir ? Saül lui jura par le Seigneur qu’elle ne courrait aucun risque. Alors elle lui demanda : Qui ferai-je venir ? Saül répondit, Samuel : La devineresse n’eut pas plutôt vu Samuel, qu’elle s’écria « n se tournant vers le roi : Vous m’avez trompée ; vous êtes Saül. Ne craignez rien, lui dit le roi, et dites-moi