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Page:Migne - Encyclopédie théologique - Tome 32.djvu/6

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DICTIONNAIRE


DE



THÉOLOGIE MORALE



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J



JEUNE EUCHARISTIQUE.

« 1. Le jeûne, dit Collet, consisle dans un certain genre d’abstinence ; et c’est pour cela qu’on peut distinguer autant d’espèces de jeûnes qu’il y a de choses donl on peut s’abstenir par principe de raison ou.de vertu. Il y a un jedne moral, qni règle la mesure des aliments Sllr le degré des besoins du corps ; el celle lempérance exacte a été pl’aliquèe par les plus sages philosoJ.lhes d.u paganisme (1). Il y a un j, •ûne sp1ril11el, qui écarle le péché, qui règle les se11s, , qui met un frein aux passions (2). li y a un jeûne ecclésiastique, qui exclut certains aliD ? ents el ne perm, et les.autres que selon une Juste quantité. Enfin, il y a un jelinenaturel, qui tonsisle à n’avoir rien pris· depuis l’heure de minuit, ni par forme de nourriture, ni par forme de médi1·ament ; · et c’est ce genre de jeûne e11charis1ique, dont nous traiterons ici, et sur lequel la bnnne el la mauvaise théolo• gie forment une foule de difficultés.

« Pour aller do pins certain à ce qui l’est rnoins, nousdi1011sd’abord que le jeûne naturel est commandé de droit apostolique a vaut lacommuniori, et qu’on ne peul, hors lecns de nécessité, y manquer sans péché mortel.

2. La première partie de celle proposition se prouve par la rameuse règlij de saint Augustin (3), que tout usage uoiverseHement observé dans l’Eglise, sans avoirjamais · été · introduit par aucun concile,. se peut très-justement rapporier à l’autorité apostolique. En effet il esl. constant que la pratique de

(1) Vide S. Hierooym., Jib. 11, adversus Jovinian., cafi)9

(2) Nonne ·hoe est magis jejunium quo : I etegi ! Dissolve eogilationes impietalis.-Isa. Lv1n. Jejonium magnum et ge11erale, est abstiriere ab iuiquitatibu, s, et illicitis voloptatibus sœculi ; quod e-t perfeetuw Jeju• nium. Aug ; lract•. : vu in Joan.

(3) Quod universa tenet 1 !  : cclesia, 11ee conciliis in• slitutum, sed semper retentwn est, ·IIOn nisi apostoliea aueLoritale institut_um rectissime ~itur. Aug. lib. 1v de Bapt. cap. ! U.

(4) On l’infère du chapitre xr de la I•• Epitre aus. Corinthiens. Voyez saint Augustin, Epi, t. cxv1n, eap. @, el plusieurs autres inlerprèies. qui se fondent sur ee que les Cori111biens voulaient imiler la condilite q, , , -avail gardée le Sauveur dans l"inslilulion de l"Euch=l !’islie. Saiut Cbrysosl01ne, hic HomU. 27, pré-’


communier à’jeun, quoiqu’elle n’ait peutétre. pas été suivie d’abord par les premiers fidèlrs, 4), s’est introduite de si bonne heure dans le christianisme, qu’à parl ! lr n1oralemeot, on la vo~t dès les premiers siècles raire une loi élroile dans l’Orieol el dans l’Occid _ent-(5)_. C’est la remarqne de saint A~gust 1n, qui eût pu l’élabhr par_ l’aotorrté de saint Chrysostome, de saint Basile, du grand évêque de Carthage et de Tertullien.

« Je sais qu’en quelques églises on corn• l)luniait le jeudi saint après lè repas du soir, à l’exemple du Sauveur (6) ; et que cell.e pra• tiq·oe avait lien tons les samedis de l’aon’ée en _plusieurs, villes et v ! llages d’Egypte (7), mais le premier cas élart une de ces exceptions qui affermissent la règle ; et le second ressemble assez A un abus.

« 3. La second !’partiede notre proposition, qui détermine. an mortel le violemenl de la loi du jeftne eucharistique, , esl fondée snr le èommnn sentiment des fidèles, sur’les ordonnances réitérées des pasleurs, et sur, l’imporlance de la. loi dont il s’agil. L’Eglise naturellement induJgente porte sur ce point sa rigueur jusqu’à une espèce de jodaîsme:il est.hors de doute qu’elle a eu iles raisons, Si elle se relâchait le moins du monde sur cette malière, un demi-siècle ile serai& pas écQnlé, qu’on verrait reoalfre les seilndales dont saint Paul se plaignit si vivemeol aiti c·orinlhiens. Si dans un siècle où le lk ! lng de Jésus. Christ rumait èncore, on a pu se livrer à de fâcheux excès en approchant on en sortant de la table sainte, que ne ferait-on pas dalis


tend au eoulraire que les agapes soivaieol la communion. Le texle de !’Apôtre favorise —la premlère opinion; mais il ne noli& parall pas l’établir inviaciblement.

(5) Placoil Spidtui sancto., ut in bonoi’em tanli sacramenli in os chrisliani prhis corpus DolDioi intret, qua, n caiteri eibi:nam ideo per unitersum ·orbem mus iste servalur. Aug. Ep. LIV, n. 7.

(6) Ut saeramenta altans non nisi a jAjiJnis homi— · nibus eelebrentur, exceplO uno die anniversatio, quo Cœna Domini celebratur. Concit. Cllf’lhag. fil, , an.

!  ! 9; Labb, tom. 11, pag. tt7t. 

(7) In multis urbibus ac vicis Aegypll, contra recep 1a111 omniu1n consuetudinem, die sabbali snb ve11peranr eonvenientes, jam pransi sacra mysleria per• cipiunl, S0; 01n. 1.,. 19, edit. Vales.

Dictionn. de Théol. morale. II. 1