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« In the GNU project, our aim is to give all users the freedom to redistribute and change GNU software. If middlemen could strip off the freedom, we might have many users, but those users would not have freedom. So instead of putting GNU software in the public domain, we « copyleft »it. Copyleft says that anyone who redistributes the software, with or without changes, must pass along the freedom to further copy and change it. Copyleft guarantees that every user has freedom.[1] »

Le principe de copyleft, traduit parfois en français par « gauche d’auteur », vient donc directement de la sphère informatique. Et plus précisément de la Free Software Foundation. La création de la GPL est associée au jeu de mot sur le copyright « copyleft-all rights reversed ». Cette anecdote nous informe de deux choses : premièrement, les hackers[2] qui ont conçu la GPL ont de l’humour, deuxièmement la licence se base sur le copyright.

Richard Stallman inventa l’idée du copyleft en 1983, quand il démarra le projet GNU. Les premières ébauches de la GPL sont rudimentaires[3]. Elles ne couvrent pas l’ensemble des besoins et ne protègent pas des utilisations illégitimes possibles. La version numérotée 1.0 apparaît en 1989. Il aura donc fallu plusieurs années à Richard Stallman et à la Free Software Foundation (FSF) pour concevoir une version satisfaisante. La GPL a su évoluer et mûrir ; Richard Stallman en est le « créateur » mais de nombreux contributeurs, Elben Molgen[4] en tête, sont intervenus pour l’amender à l’image des logiciels que la licence recouvre. L’actuelle version, la numéro 2, est datée de juin 1991. N’ayant pas changé depuis douze ans, on peut dire qu’elle est arrivée à maturité. La version 3 est en cours de développement, mais gageons que « l’esprit » en sera le même. La Free

  1. « Dans le projet GNU, nous voulons garantir à tous les utilisateurs la possibilité de redistribuer et de modifier les logiciels. Si des intermédiaires pouvaient supprimer ces libertés, nous aurions peut-être plus d’utilisateurs mais ces utilisateurs n’auraient pas les libertés que nous voulons leur donner. Alors, au lieu de placer les logiciels GNU dans le domaine public, nous les mettons sous copyleft. Le copyleft énonce que quiconque redistribue le logiciel, avec ou sans modifications, doit transmettre aussi la liberté de copier et de modifier ce logiciel. Le copyleft est une garantie des libertés de tous les utilisateurs ».
  2. La meilleure traduction est « bidouilleur informatique éclairé ». Insistons sur la différence avec « cracker » qui signifie pirate informatique.
  3. Voir le Chapitre 9 de Williams, Sam. Free as in Freedom, Richard Stallman’s Crusade for Free Software. Editions O’Reilly, 2002. [En ligne] Adresse URL : http://www.oreilly.com/openbook/freedom/
  4. Molgen, Eben. « L’anarchisme triomphant, Le logiciel libre et la mort du copyright ». In Multitude N° 5, mai 2001. [En ligne] Adresse URL : http://multitudes.samizdat.net/article.php3 ?id_article=170 Eben Molgen est professeur à la Columbia Law School http://emoglen.law.columbia.edu/