— Le rafraîchir ? qu’il me fait ; ça ne peut pas lui faire de mal. »
Moi, là-dessus, je prends le chien et je dis à ce monsieur :
« Voulez-vous que je le tonde en lion ?
— En lion ! qu’il me dit.
— Oui, tondu seulement à partir des reins, et puis je lui ferai des manchettes aux pattes.
— Dame, qu’il me répond, oui, en lion avec des manchettes, je crois que ça fera bon effet. »
Voyant ça, je tonds le chien en lion avec des manchettes. Monsieur reste là, à me regarder travailler. Quand c’est fini, je mets le cabot sur ses pattes et je dis :
« Eh bien, bourgeois, comment le trouvez-vous, votre toutou ?
— Ça lui va très bien, qu’il me répond.
— Un Amour, que je lui dis : quarante sous !
— C’est pas cher, qu’il me fait. »
Là-dessus, il s’en va, et son chien le suit en remuant la queue, comme un chien qui est content qu’on lui a fait sa toilette. Moi, je rappelle monsieur, en lui criant :
« Eh bien, et les quarante sous ?
— Quels quarante sous ? qu’il me demande.
— Comment, quels quarante sous ? Mais, pour avoir tondu vot’ chien !
— Mon chien ! qu’il me dit ; ça ! Il n’est pas à moi. »
M. Boulabert. — En effet, il n’était pas à moi ; c’était un sale chien que je ne connaissais pas du tout ; il m’avait suivi dans la rue.
Le président. — Et vous le laissez tondre en lion par ce malheureux sans lui dire que le chien n’était pas à vous !
M. Boulabert. — Je le lui ai dit.