Page:Mille - Anthologie des humoristes français contemporains, 1920.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
ANTHOLOGIE DES HUMORISTES

adressa à Arsène Houssaye, directeur de l’Artiste, et à Louis Desnoyers, rédacteur en chef du feuilleton du Siècle.

« Monsieur, littérateur peu connu et dénué de protections, je vous prie de vouloir bien être assez aimable pour m’envoyer une lettre de recommandation auprès de vous-même… »

Ce procédé réussit. Charles Monselet vit aussitôt s’ouvrir pour lui les portes des deux grands journaux.

Il fut remarqué par Girardin, qui lui demanda d’écrire une préface aux Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, qui allaient paraître en feuilletons dans la Presse.

En 1857, il fondait un journal : le Gourmet.

En 1860, il jouissait d’une grande notoriété et écrivait dans tous les grands quotidiens et périodiques de l’époque. Mais il refusa toujours de collaborer à la Revue des Deux Mondes : « Au nom du Ciel, ne me parlez pas de cette boutique-là ! disait-il, j’y perdrais mon ventre et ma gaieté. » Il s’était qualifié lui-même : poète de la bonne humeur.

Ses mots couraient tout Paris. C’est lui qui avait défini Octave Feuillet : un pot-au-feu avec des ailes.

Les deux premiers vers d’un poème de lui, imité de la Rose, de Ronsard, firent fortune :

Mignonne, allons voir si les huîtres
Sont ouvertes au restaurant…

Il fit, de même, sur le rythme des Djinns, de Victor Hugo, un poème qu’il appela les Créanciers, et que nous citons ici.

Il mourut en 1888.

« Tout a un terme en ce bas monde, disait-il, excepté le loyer, qui en a quatre ! »


LE GODIVEAU

Quand j’étais tout petit, j’aimais les godiveaux,
Où, modeste traiteur, souvent tu te révèles.