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ANTHOLOGIE DES HUMORISTES

m’écoute, et qui ne saurait avoir aucune espèce d’âge.)

(Ici les femmes présentes minaudent avec grâce.)

« Je me plais à rendre cette justice à la finesse d’observation dont la nature vous a doués.

(Assentiment général.)

« Or, messieurs et dames, ce n’est pas tout que dire : « Il est à peu près généralement reconnu que l’homme est sujet à une foule de maladies. » Le premier venu peut être capable d’en dire autant. Ce n’est pas là qu’est le difficile. Le difficile, c’est de les guérir.

(Adhésion générale.)

« Par malheur, il ne paraît pas que ce soit jusqu’à présent le but que se proposent la plupart des grands philosophes qui se sont occupés de la matière… Eh bien, messieurs et dames, ce qu’aucun d’eux n’a pu faire jusqu’à ce moment, je viens le faire, moi qui vous parle ! Et si j’ose me flatter d’une telle supériorité, ce n’est point pour satisfaire un puéril amour-propre. Non, je dois le proclamer hautement, car je rougirais de me parer des plumes d’un autre : ce remède surprenant, cet élixir incomparable, je dirai même… sans pareil, que je vous apporte en ligne directe du fond de l’Arabie Pétrée, eh bien ! je n’en suis que le très humble dépositaire. C’est à l’illustre Mathusalem, plus vulgairement connu dans les campagnes sous le nom de Mathieu-Salé, que l’humanité en est redevable. Oui, messieurs et dames, au respectable Mathusalem, dont vous n’êtes pas sans avoir entendu parler ; ingénieux savant qui, par l’effet seul de son élixir, parvint sain et sauf à l’âge de neuf cent neuf ans, neuf mois, neuf jours, et conserva bien toute la vigueur de la