Page:Millot - Eléments de l histoire de France, édition 1801, tome 1.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
Clovis.


Clovis sut y mêler l’intérêt de la religion, prétexte plus propre à frapper le peuple. Les Visigoths étoient ariens, et avoient persécuté les catholiques. Le souvenir de ces persécutions, quoiqu’interrompues, prévenoit les Gaulois de ce pays en faveur du conquérant. Il excita leur zèle, en publiant qu’il alloit détruire l’arianisme : assez politique pour donner toutes les couleurs d’une guerre sainte à une entreprise projetée avant son baptême.

Dévotion politique de ce prince.Tous ses pas furent marqués par des apparences de dévotion. En l’honneur de S. Martin, il défendit à ses soldats de prendre la moindre chose dans la Touraine, excepté de l’eau et de l’herbe. Un soldat prit du foin, disant que c’étoit de l’herbe. Clovis le sut. Et où sera, dit-il, l’espérance de la victoire, si nous offensons S. Martin ? Aussitôt il fit exécuter le soldat. Imbu de la crédulité populaire, ou habile à en profiter, il envoya de riches présens au tombeau du saint, pour obtenir un présage favorable. Quand ses députés entrèrent dans l’église, on entonnoit cette antienne : Seigneur, vous m’avez revêtu de force pour la guerre, et vous avez abattu sous mes pieds ceux qui s’élevoient contre moi. Personne ne douta que la victoire ne fût assurée.

Alaric, roi des Visigoths.Alaric vivoit tranquille dans ses états, appliqué au soin du gouvernement, digne de l’amour de son peuple et de l’estime des étran-