Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/120

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la tête. Elle le cajole ainsi. Souffle, soufflet, mais souffle donc ! il est tout transi…

Un cri nouveau, par sept fois, résonne. Est-ce un nom ? Je le crois. Le Maître me pardonne ! Il ouvre les yeux, il renaît. Il renaît, te dis-je. Il renaît, renaît, renaît, renaît, renaît ! Ô prodige ! regarde bien, penche-toi, jeune mère ! Le feu paternel rit, il n’est plus en colère. Quelle nuit ! mais c’est la dernière.


BÉATRIX

Le voici à nos pieds. Ô chose de lumière ! sainteté ! charité ! santé !


L’ADEPTE

Je renais, et cependant, je meurs. C’est comme il y a très longtemps, avant, avant, bien avant la dernière sortie du Semeur. Jeune mère, qu’arrive-t-il ? Où sommes-nous, moi homme et toi femme, à genoux ? Que signifie cela, ma chère, chère tête ? Dehors, la sainte nuit est réelle, pourtant. Sur tout le corps du firmament en fête ruisselle une eau lustrale de beauté.


BÉATRIX

La lune, la grande diamantée, dans la saulaie muette du nuage, tisse en toute tranquillité son arentèle de miroitante cécité. Moi aussi, je renais, et cependant je meurs. Oui, c’est tout à fait comme avant la dernière sortie du Semeur.


L’ADEPTE

Comme tout ton être secret respire en moi, femme, eau sourde et salutaire sous la crypte. Oh ! ton visage comme l’Égypte ! Ô visage, visage de fuite en Égypte !