Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/76

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LE MESSAGER.

J’avais dû, de bonne heure, me rendre en cette ville ; avec le soleil levant, je franchissais ses portes ; dans Les principales rues, les trompettes matinales proclamaient la fête qui s’approchait ; je m’étais à peine avancé de quelques pas quand une rumeur se répandit : Samson devait être amené pour donner au peuple, dans des exercices et des jeux, la preuve de sa force ; j’avais beau plaindre sa captivité, la pensée ne me vint point de m’éloigner de ce spectacle ; un édifice était là, vaste théâtre, à demi circulaire, qui arrondissait sa haute voûte sur deux piliers pesants. L’on y voyait des sièges où les chefs des Philistins, les hommes investis du pouvoir avaient leurs places assignées pour jouir de la fête ; l’autre côté était ouvert ; des bancs, des échafauds s’y dressaient pour le peuple qui pouvait se grouper sous l’arcade du Ciel. C’est là que, personnage obscur, je me tins éloigné et perdu dans la foule. La fête et le soleil éclataient à leur midi ; le sacrifice avait rempli les cœurs de joie, de transports et de vin ; les jeux s’ouvrirent : Soudain, comme un esclave public, Samson fut amené ; il était revêtu de la livrée de l’Etat ; des flûtes et des tambourins le précédaient ; à sa droite et à sa gauche marchaient des gardes armés, les uns à pied, les autres à cheval. Devant et derrière lui des archers, des frondeurs, des cavaliers portant des cuirasses et des lances. Le peuple le voyant ébranla l’air d’une acclamation immense ; tous célébraient à haute voix le Dieu qui, de leur terrible ennemi, avait fait leur