Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/32

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Quelques moments après, Babet rentra.

— Qu’on dise là-bas que nous sommes sortis et qu’on ne laisse monter personne, dit la marquise d’un ton sérieux mais sans dureté ; revenez aussitôt, Babet, j’ai des choses importantes à vous apprendre.

La filleule obéit et rentra.

— Asseyez-vous, Babet, continua Mme Valbouillant.

L’innocente balançait.

— Obéissez.

Elle céda.

— Je suis votre marraine, et trop instruite dans ma religion pour ignorer qu’en vous tenant sur les fonts, j’ai pris l’engagement de vous éclairer, de vous protéger et de pourvoir tant que je pourrai à vos besoins.

— Vous l’avez toujours fait, madame, et ma reconnaissance…

— Je veux continuer, l’âge en amène de nouveaux. Depuis un temps, j’ai cru remarquer que votre sein s’arrondit.

— Madame, ce n’est pas ma faute.

— Je ne vous en fais pas un reproche, mais il faut que je voie en quel état il est.

La pauvrette rougit.

— L’abbé, continua Mme Valbouillant, délacez son corset : comme vous serez son directeur, il est bon que vous jugiez par vous-même des secours dont elle peut avoir besoin.

Je me mis en devoir d’obéir ; la petite, embarrassée, interdite, ne savait s’il fallait résister ou céder.