Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/52

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— Va toujours, j’ai les cas réservés.

Sur la parole du saint prélat, la vieille se résigne, me serre, s’agite et m’arrache une libation, qu’elle me rend avec usure. L’évêque et Valbouillant arrivent au même instant au comble du plaisir. Mme Valbouillant, qui nous avait précédés, se lève alors, et va avec la jeune Babet féliciter la vieille tante de la bonne fortune inattendue qu’elle venait d’avoir ; il y avait trop de témoins du plaisir qu’elle venait de prendre pour qu’elle en pût disconvenir. Elle se prêta donc au baiser que lui donna sa nièce, et borna ses remontrances à lui dire :

— Tâche du moins que personne ne s’en doute.

— Ne craignez rien, répartis-je, vous voyez comme nous traitons les curieux.

— Je ne crois pas, dit le prélat, la méthode sûre pour les corriger.

Dès ce moment la confiance s’étant établie entre nous, la contrainte fut bannie ; le prélat fut l’âme de nos orgies : le long séjour qu’il avait fait en Italie lui avait donné une profonde théorie de tous les genres de volupté, et joignant la pratique à ses rares lumières, il nous fit essayer avec succès trente attitudes dignes d’exciter le pinceau des Clinchet et modernes. Valbouillant était dans l’ivresse et sa femme proposa au saint homme de le réconcilier avec les plaisirs naturels. La politesse l’empêcha de refuser ; pour le récompenser de sa complaisance, je le socratisai pendant sa besogne, et Babet, couchée sur Valbouillant qui s’était jeté à la renverse sur le lit à sa portée, offrait à son œil lubrique deux