Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/57

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Je m’inclinai avec respect et je sortis.

Je fus reçu avec transport par mes amis ; Valbouillant et sa femme m’accablaient de questions ; j’y répondis de mon mieux et je leur dis par quelle voie j’étais entré dans les ordres, ajoutant que l’évêque viendrait leur dire, dès qu’il serait libre, ce qu’il avait fait pour leur protégé. Babet qui survint me couvrit de baisers et si je m’en étais cru, je n’aurais pas différé à leur marquer ma reconnaissance de la part qu’ils prenaient à mon avancement ; mais l’incertitude du moment de l’arrivée du prélat, le désir de lui faire faire une orgie complète, nous firent suspendre nos plaisirs. Il ne se fit pas attendre ; alors la porte fut fermée pour tout le monde ; on lui fit des remerciements et des reproches (ce qu’il faisait pour moi ne dédommageait pas de ce qu’on perdait à mon absence). Le saint homme promit que je pourrais les voir souvent et qu’il joindrait ses efforts aux miens pour égayer leurs moments.

Après ces premiers propos, on fit venir Babet, qui d’abord s’était retirée par respect, et, profitant de la chaleur du climat, sur l’avis du prélat, nous quittâmes les pompes du luxe, et nous nous mîmes dans l’état où étaient nos premiers parents dans l’Éden avant que la pomme fatale leur eût appris qu’ils étaient sans vêtements. On eût dit, en regardant Mme Valbouillant, que c’était la Volupté sous la livrée de la Fraîcheur ; ce qui manquait à la légèreté de sa taille était bien compensé par la finesse de sa peau, la fermeté des chairs, l’appétissant des formes arrondies