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à l’Agriculture.

cents ans, & qui viennent souvent dans le pays. Il n’y a pas un de nous qui, loin de lui rien prendre, ne fut le premier, en pareil cas, à dénoncer son voisin. Un homme de qualité d’une Province peu éloignée de celle là, donna pendant la disette de l’année 1747 le pain & le couvert dans ses granges à mille pauvres durant six mois. Allez mes enfans, leur dit-il à la S. Jean, allez tacher d’en gagner : Je vais en ramasser pour l’année prochaine, si la disette dure. Certainement cet homme, quoique d’un mérite & d’une probité distinguée, est un Seigneur Châtelain dans la force du mot : quelque bienfaisant qu’il puisse être, il n’eût jamais poussé jusques-là les effets de la commisération, s’il eût habité à Paris.

Ne fût-ce enfin, comme je l’ai dit, qu’en faisant travailler de pauvres gens, les Seigneurs dans leurs terres faisoient des biens infinis. On sçait à quel point étoit l’habitude, & pour ainsi dire, la manie