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pour l’Agriculture.

de la valeur & de la générosité, on a émoussé ces vertus dans leur principe. On pourroit faire le même reproche à Molière & à ses imitateurs : en ridiculisant les Gentilshommes campagnards, les Barons de la Crasse, les Sottenville &c., ils ont cru n’attaquer que la sotte vanité & la plate ignorance des Seigneurs châtelains ; mais les mots de campagnard & de provincial sont devenus ridicules. La crainte du ridicule feroit passer un François à travers le feu ; tout le monde a voulu devenir homme de Cour ou de Ville, & adieu les champs.

Mon dessein n’est pas d’entrer encore dans les détails des inconvéniens de l’urbanité générale & quand j’y serai, il s’en faudra bien que je ne les épuise. Il y auroit des volumes à faire sur cet article. Si les campagnes sont nécessaires à la ville, les villes le sont aussi à la campagne ; & l’on verra dans la suite de mon plan, qu’après avoir couvert la campagne d’autant d’habitans qu’elle en peut porter, je voudrois