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Agriculture.

insuffisante pour le lui procurer, & dont elle n’a d’autre sentiment qu’un attrait inhérent à sa substance, qui dégénère en inquiétude & lui prohibe le repos.

Dans la première de ces deux portions d’un territoire pour lequel l’homme seul est privilégié, l’invention de l’agriculture me paroît celle de toutes qui porte le plus ce titre exclusif.

J’ai dit que l’homme étoit de tous les animaux celui qui faisoit le plus aisément pâture de tout. En effet, il n’est rien ou bien peu de chose dont aucune sorte d’animal se nourrisse, qui ne puisse au besoin lui servir de nourriture. Mais l’instinct des animaux les plus forts & les plus adroits s’est borné à chercher & reconnoître sa proie, à lui tendre des pièges pour la surprendre & l’attirer quand la force & la vélocité ne suffisoient pas ; l’homme seul a cherché, appris & imité le secret de la nature, & par un travail assidu il est venu à bout de multiplier celles de ses produc-