Page:Mirabeau - Le Libertin de qualité, édition de 1784.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 279 )


& je me retrouvai dans mon lit au milieu de mes gens.

Long-tems je fus inconſolable ; abſorbé dans ma douleur, je fuyois les humains. L’image de mon ami ſuccombant ſous mes coups, me ſuivoit ſans ceſſe ; je me refuſois à toute diſtraction ; je mourois lentement ; j’invoquois le tombeau.

Dans la même maiſon, mais dans un corps de logis ſéparé du mien, la femme d’un colonel vivoit très-retirée : juſques-là je lui avois rendu quatre fois par an les ſimples devoirs de l’honnêteté. Ma vie trop diſſipée, le genre auquel je m’étois livré ne m’avoit pas permis de faire beaucoup d’attention à elle. Mon valet-de-chambre, inſtruit de mon affaire & déſeſpéré de mon état, imagina que

S iv