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Le ciel ſembloit conjuré contre moi. Un orage affreux m’oblige de m’arrêter à Verneuil ; j’étois percé, je n’avois rien pour changer ; je me jette dans une auberge pour me ſécher, & rendu de fatigue, je me réſous bientôt à y paſſer la nuit. Seul dans ma chambre, j’y broyois du plus beau noir poſſible ; l’hiſtoire de l’abbé de Rancé me montoit au quatrieme ciel. Je ne voyois rien de ſi beau que ces longs cimetieres dont quelques lampes ſépulchrales perçoient à peine les ſombres horreurs ; j’entendois cette cloche funebre qui ſemble appeller la mort ; je la voyois s’avancer à pas lents ; Comminge & Euphémie étoient devant mes yeux. Je prenois le travail pénible de mon imagination déli-