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LE RIDEAU LEVÉ


leurs mouvements, et nous nous branlions l’une l’autre, pendant que le vit de mon papa fournissait pour moi sa carrière.

Ce quatrième acte fini, nous étions fatigués, brisés, excédés ; nous avions grand besoin de réparer nos pertes. Nous nous relevâmes ; mon papa fit redescendre la table, et nous ranimâmes nos forces par les restaurants que nous prîmes. Le repos nous était bien nécessaire. Dès que la table fut relevée, nous nous couchâmes tous quatre les uns sur les autres, nos bras et nos cuisses entrelacés, tenant chacun le cher objet de tous nos vœux et le divin moteur de nos plaisirs.

Après une bonne heure de sommeil, Rose, éveillée par un songe voluptueux, nous tira bientôt de l’espèce de léthargie où nous étions plongés. Nos caresses et nos baisers recommencèrent ; mais loin de précipiter, nous badinions avec nos désirs, pour en allonger la durée en multipliant la jouissance, en retardant l’approche du plaisir ; nous allions jusqu’à lui, nous le repoussions, il nous poursuivait. Rose l’avait déjà saisi deux ou trois fois ; à notre tour il nous atteignit aussi ; il fut enfin victorieux et nous terminâmes cette journée par un cinquième acte dont Rose fut l’héroïne. Couchée sur mon papa, qui l’enfilait par le grand chemin, Vernol se présentait à la porte de derrière. J’avais pris l’attitude qu’elle avait tenue ; je mis tout en place et je lui rendais les mêmes services que j’en avais reçus, pendant