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LE RIDEAU LEVÉ


peu garnie de poils, mais il était fort noir ; il la baisait et remuait le doigt de la main droite au haut de cette fente, tandis que le doigt de la main gauche y était tout enfoncé ; Justine, déboutonnant sa culotte, en tira une machine fort longue, raide et très grosse ; ma cousine la prit ; il voulait la mettre à la place de son doigt, mais j’entendis Justine lui dire :

— Non, Courbelon, je ne le souffrirai pas ; si je deviens grosse, je saurais m’en tirer, mais si jamais Isabelle était dans ce cas-]à, où pourrions-nous toutes deux nous cacher ? Caressez-la, donnez-lui du plaisir, mais ne lui mettez pas.

Tous ces discours, que j’entendais parfaitement, étaient autant d’énigmes dont je cherchais le mot. Je vis cependant Courbelon se retirer à conte-cœur, et tout en pestant il continua de caresser Isabelle, en la chatouillant comme il avait commencé, tandis que ma cousine tenait à pleine main ce gros instrument que Justine avait mis en liberté ; Quelques moments après, qu’il eut recommencé les mouvements de ses doigts, j’entendis et vis faire à Isabelle le même jeu et les mêmes soupirs qu’elle faisait quand nous étions couchées ; je fus alors au fait et je jugeai qu’elle répétait seule dans son lit ce que Courbelon venait de faire. Isabelle se releva bientôt, et Justine, qui était en arrêt comme un chien sur sa proie, se jetant à son tour sur le pied du lit, tenant d’un bras Courbelon par les reins, et