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BÉHÉMAH



De la bestialité. — Ce titre répugne à l’esprit et flétrit l’âme. Comment imaginer sans horreur qu’un goût aussi dépravé puisse exister dans la nature humaine, lorsqu’on pense combien elle peut s’élever au-dessus de tous les êtres animés ? Comment se figurer que l’homme ait pu se prostituer ainsi ? Quoi ! tous les charmes, toutes les délices de l’amour, tous ses transports… il a pu les déposer aux pieds d’un vil animal ! Et c’est au physique de cette passion, à cette fièvre impétueuse qui peut pousser à de tels écarts, que les philosophes n’ont pas rougi de subordonner le moral de l’amour ! Le physique seul en est bon, ont-ils dit. — Eh bien ! lisez Tibulle, et puis courez contempler ce physique dans les Pyrénées, où chaque berger a sa chèvre favorite ; et quand vous aurez assez observé les hideux plaisirs du montagnard brutal, répétez encore : En amour, le physique seul est bon.

Un sentiment très-philosophique peut engager à fixer un moment ses regards sur un sujet aussi étrange, parce que ce sentiment, donnant la force d’écarter toutes les idées que l’éducation, les préjugés et l’habi-