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BÉHÉMAH

ovale ; Lancisi et M. de la Peyronie, le corps calleux ; d’autres, les corps cannelés. Le climat, sa température, les aliments, un sang épais ou lent, mille causes purement physiques, forment des obstructions qui influent sur la manière d’être ; ainsi, en poussant les suppositions, on varierait les effets à l’infini, et l’on montrerait par les résultats, comme il suit assez de l’expérience, qu’il n’y a guère de tête, quelque saine qu’elle puisse être, qui n’ait quelque tuyau fort obstrué.

Le curieux, l’intéressant, l’utile, seraient donc de savoir jusqu’à quel point un être dégradé de l’espèce humaine par sa copulation avec la brute, peut être plus ou moins raisonnable ; c’est peut-être la seule manière d’assiéger la nature, qui puisse en ce genre lui arracher une partie de son secret ; mais pour y parvenir, il aurait fallu suivre les produits, leur donner une éducation convenable, et étudier avec soin ces sortes de phénomènes. On aurait probablement tiré de cette opération plus d’avantages pour le progrès des connaissances humaines que des efforts qui apprennent à parler aux sourds et aux muets, qui enseignent les mathématiques à un aveugle, etc. ; car ceux-ci ne nous montrent qu’une même nature, un peu moins parfaite dans son principe, en ce que le sujet est privé d’un ou deux sens, et qu’on a perfectionnée ; au lieu que le fruit d’une copulation avec la brute, offrant, pour ainsi dire, une autre nature, mais entée sur la première, éclaircirait plusieurs des points dont le développement a tant occupé tous ces êtres pensants.

Il est difficile de mettre en doute qu’il n’ait existé des produits de la nature humaine avec les animaux ; et pourquoi n’y en aurait-il point eu ? La bestialité était si commune parmi les Juifs, qu’on ordonnait de