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PRÉFACE DE L’ÉDITION DE 1833



La décadence des États se marque ordinairement par la dépravation de la morale, les progrès du luxe et la corruption des cours. Vers la fin du siècle dernier, la gradation du vice ayant augmenté le pouvoir d’une monarchie absolue, le chef de la France paraissait avoir assis sa domination sur des bases inébranlables. La nation, accoutumée à un état de choses qu’un long esclavage lui faisait envisager avec une certaine indifférence, qui devait s’éveiller au moindre accident, courbait la tête devant le despotisme de ses rois et l’insupportable orgueil d’une aristocratie de nobles et de prêtres. Insensible aux justes réclamations du peuple, dont le but était l’amélioration d’institutions publiques qui n’étaient plus en harmonie avec ses nouveaux besoins, amélioration devenue plus nécessaire depuis que le flambeau sacré de la philosophie, par l’éclat de sa vive lumière, avait dissipé les ténèbres de l’ignorance, terrassé l’erreur qui l’enveloppait, et sapé dans ses fondemens le culte superstitieux qui