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EROTIKA BIBLION

que les Jésuites ont une messe imprimée dans un missel[1] en l’honneur de saint Job. Il n’y a rien là qui forme inconséquence avec leur morale ; car il est certain que leurs casuistes encouragent à braver le danger de la cristalline, bien loin de l’improuver, quand ils croient que l’œuvre de Dieu peut y être intéressée. On lit dans le recueil du père jésuite Anusin un singulier fait arrivé à l’un de leurs novices qui s’amusait avec un jeune homme, et qui fut surpris, au milieu de ses ébats, par un de ses confrères. Celui-ci avait eu la prudence d’observer à travers la serrure et de se taire ; mais quand l’opération fut finie et le novice sorti : « Malheureux ! lui dit son camarade, que viens-tu de faire ! J’ai tout vu, tu mériterais que je te dénonçasse ; tu es encore fout enflammé de luxure… tu ne peux pas nier ton crime… — Eh ! mon cher ami, répond le coupable, d’un ton de confiance et d’affection, vous ne savez donc pas que c’est un Juif ? Je le convertirai, ou il restera l’ennemi de Jésus-Christ. Dans l’une ou l’autre supposition, n’ai-je pas raison de le séduire, ou pour le sauver, ou pour le rendre plus coupable ? » À ces mots, le novice observateur, persuadé, convaincu, pénétré d’admiration, se prosterne, baise les pieds de son confrère, fait son rapport ; et le novice agent est enregistré parmi les opérateurs des œuvres du Très-Haut.

  1. À Venise, en 1542.