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NOTES SUR

enflammaient l’émulation en élevant l’âme aux grandes actions, et enfantaient des citoyens dévoués à la patrie.

Le vainqueur était couronné de branches de pin, de laurier, de feuilles d’olivier sauvage ou de roses, aux yeux de tous les assistants et au bruit de leurs acclamations. Honoré dans sa patrie pour le reste de ses jours, son nom et sa victoire étaient chantés par les plus grands poètes. On lui érigeait des statues, et on poussa même les éloges du vainqueur jusqu’à l’élever au rang des Dieux.

C’est par ces nobles institutions que la Grèce remplit le monde de l’éclat de sa gloire et qu’elle parvint à transmettre son nom à l’immortalité.


Page 46. — « L’âme d’un Spartiate serait bien mal logée dans le corps d’un Sybarite. »

Sybaris, la voluptueuse Sybaris, que les crayons du sage repoussent, et que nos mœurs énervées rappellent, fut bâtie sur la côte du golfe de Tarente, par l’un des deux Ajax[1]. On ne s’attend guère qu’un peuple d’Apicius et de Sardanapales ait eu pour tige un des héros de l’Iliade.

La ville était située entre deux torrents, le Sybaris et le Crathis. Le premier, à en croire celui des deux Pline qui a été l’historien de la nature, avait la vertu de donner aux hommes qui en buvaient un tempérament plus généreux, une taille plus élevée et un teint plus martial ; pour le Crathis, ses eaux, dont la propriété était de relâcher les fibres, adoucissaient la peau, blanchissaient le teint et semblaient destinées par la nature à être la boisson des femmes.

  1. Le peuple sybarite habitait cette partie de la terre que l’on nomme aujourd’hui la Calabre, province d’Italie, dans le royaume de Naples, qui portait autrefois le nom de la Lucanie ou la Grande-Grèce. D’autres écrivains prétendent que Sybaris eut pour fondateurs les compagnons de Philoctète, à leur retour de la célèbre expédition de Troie. Cette ville, au rapport d’Eusèbe, se serait bâtie en la quatrième année de la dix-septième Olympiade, ce qui correspond à l’an 45 de la fondation de Rome, ou 708 ans avant l’ère vulgaire.