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XIII
préface

désirs immodérés, à ses seules passions, sans frein ni retenue, doit nécessairement s’avilir au point de méconnaître entièrement les sentimens de la pudeur et sa propre dignité. Et conduisant comme dans un cloaque d’impureté, il développe dans le Béhémah cette triste vérité, que l’homme n’écoutant plus la raison dont il est partagé, poussera bientôt ses folies jusqu’aux plus monstrueuses infâmies, et outragera la nature en faisant injure à la beauté, sans craindre de se ravaler au dessous de la brute même.

Dans le chapitre de l’Anoscopie, Mirabeau nous expose au grand jour l’homme, depuis le berceau du monde, toujours le jouet de ces adroits charlatans qui, abusant sans pitié de sa crédulité, et établissant leur empire sur des qualités surnaturelles qu’ils affectent, mais ne possèdent pas, ont prétendu dévoiler les secrets de l’avenir et connaître ceux que le passé tient cachés dans son sein. Il en conclut que le peuple sera la dupe de ces jongleurs aussi longtemps que ses yeux seront couverts du bandeau de l’ignorance et de la superstition.

Il couronne enfin son immortel ouvrage par la peinture énergique du tableau hideux des mœurs de toute l’antiquité, et, les mettant en parallèle avec les nôtres, il prouve combien la morale a fait de progrès immenses aujourd’hui, par la raison infiniment simple que la dépravation de l’homme est en raison du peu de développement de ses qualités intellectuelles, et que plus il sera éclairé sur la dignité de son être et l’excellence de sa nature, moins