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LE THALABA

c’est celle de la fameuse Laïs qui prodigua à Diogène, à ce Diogène souillé par tant de jouissances solitaires, les faveurs que toute la Grèce aurait payées au poids de l’or, et qui trompa pour lui l’aimable et sage Aristippe. Peut-être, s’il lui fût arrivé la même aventure qu’à cette fille qui, ayant trop longtemps fait attendre le Cynique, trouva qu’il s’était passé d’elle et n’en avait plus besoin, peut-être Laïs se serait-elle montrée plus sévère contre l’onanisme.

On sait d’où vient ce mot onanisme. Onan, dans l’Écriture Sainte, répandait sa semence à terre[1] ; mais ses raisons pouvaient être préférables à celles de Diogène. Juda eut de Sue trois fils : Her, Onan et Séla. Il voulut postérité ; il s’y prit singulièrement, mais il en vint à bout. Il fit épouser son fils aîné Her à Thamar ; Her étant mort sans enfants, Juda voulut qu’Onan couchât avec sa belle-sœur, à condition que ses enfants s’appelleraient Her, du nom de l’aîné. Onan refusa, et pour éluder les fins de la nature, chaque fois qu’il couchait avec Thamar, il commençait par répandre de côté sa libation. Il mourut. Juda fit épouser à Thamar son troisième fils Séla, qui mourut encore sans enfants. Juda s’obstina et se chargea de la besogne, dont il paraît avoir été très-digne, car il engrossa sa fille de manière qu’elle conçut deux jumeaux[2]. Le premier présenta sa main, sur laquelle la sage-femme noua un ruban d’écarlate, comme devant être l’aîné ; mais ce petit bras se retira et l’autre enfant parut le premier, d’où il fut appelé Pharès[3].

  1. Gen., chap. XXXVIII, v. de 2 à 11.
  2. Ibid., v. 18.
  3. Celui qui avait le ruban et sortit le second, fut nommé Zara, qui veut dire Orient. (Gen., chap. XXXVIII, v. 27 à 30.)