Page:Mirbeau - En province, paru dans L’Aurore, 22 juillet 1899.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’œuvre de fraternité accomplie par le nationalisme que les Français sont, l’un pour l’autre, des étrangers dans leur propre patrie, et, que, dans un village, tout ce qui n’est pas du village — bêtes ou gens — est « l’étranger ». Partout où je vais, je vois la méfiance dans tous les regards, et la haine dans tous les cœurs… Alors que nous caressons ce rêve magnifique d’abolir les frontières et de fraterniser avec les peuples, le stupide nationalisme multiplie les frontières, non seulement de peuple à peuple, de région à région, de village à village, mais d’homme à homme. C’est le retour à la barbarie, la régression aux époques de la force brutale où l’homme