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V

28 septembre.

Ma mère est morte. J’en ai reçu la nouvelle, ce matin, par une lettre du pays. Quoique je n’aie jamais eu d’elle que des coups, cela m’a fait de la peine, et j’ai pleuré, pleuré, pleuré… En me voyant pleurer, Madame m’a dit :

— Qu’est-ce encore que ces manières-là ?…

J’ai répondu :

— Ma mère, ma pauvre mère est morte !…

Alors, Madame, de sa voix ordinaire :

— C’est un malheur… et je n’y peux rien… En tout cas, il ne faut pas que l’ouvrage en souffre…

Ç’a été tout… Ah ! vrai !… La bonté n’étouffe pas Madame…

Ce qui m’a rendue le plus malheureuse, c’est que j’ai vu une coïncidence entre la mort de ma mère… et le meurtre du petit furet. J’ai pensé que c’était là une punition du ciel, et que ma