Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/240

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Philippe… La Mère et l’enfant, la Bonne Madeleine, Bubu de Montparnasse, ce sont vraiment des livres d’une émotion nouvelle… Voilà qui apporte quelque chose de neuf à la littérature d’aujourd’hui… Eh bien ! M. Charles-Louis-Philippe n’aura jamais de prix, parce qu’il a vraiment autre chose à faire que de porter ses livres chez le concierge de l’Institut, et de les mettre dans le tas des ouvrages dédicacés à l’académicien X… qui sont les seuls où l’on doive choisir l’ouvrage couronné, c’est-à-dire celui qui a le plus de recommandations… Car, encore une fois, ce n’est pas le mérite littéraire qu’on récompense… C’est le coiffeur, le pédicure… le médecin… l’amie… de tel ou tel académicien, c’est le dîner en ville… la belle relation… tout, sauf le livre ou le poème qui ne sont là, en réalité, que des prétextes à combinaisons… généralement inavouables…

— À la bonne heure !… dit M. W. G…, voilà qui est explicite… L’autre jour, dans un de vos articles, vous disiez des Académies qu’elles étaient stériles, sans entourer cette opinion de faits ou de considérations qui la pussent justifier… Cela semblait plutôt une invective, et c’est toujours fâcheux… Maintenant, je trouve que ce qualificatif de stérile n’est pas suffisant… Cela me serait tout à fait indifférent que les Académies fussent stériles… Le malheur est qu’elles sont désastreuses pour le bien public… Et je vais vous le prouver… Avant les fonda-