Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/250

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couches intellectuelles. Je vois très bien aussi l’immense et fécond parti qu’on peut tirer de cette conception du chef-d’œuvre classique, du chef-d’œuvre Frégoli, et toutes les adaptations à quoi on peut le plier… Pourquoi reléguer désormais les livres du marquis de Sade, d’Andréa de Nerciat, dans l’enfer des bibliothèques ? Ne pourrait-on pas, par une traduction savante, en faire des livres de chevet des pieuses nonnes et des jeunes pensionnaires ? Il suffirait de remplacer les scènes érotiques par des scènes d’exaltation religieuse, ce qui est facile, et les gravures trop libres, par de belles images sulpiciennes !…

Mais n’anticipons pas sur ces progrès futurs… et revenons au cas spécial de M. André Hélie, traduisant en français moderne Les Contes Drolatiques de Balzac.

Ingéniez-vous donc à écrire un délicieux pastiche de la langue de Rabelais pour être ensuite traduit en français de brasserie moderne, par un écrivain qui ne voit, évidemment, dans ces contes transformés, que lucrative pornographie et qui va les mettre, dévêtus de leur parure littéraire, nus et obscènes, à portée de « toutes les intelligences et de toutes les bourses », comme disent les prospectus.

Que penseriez-vous de ce sinistre bonhomme qui gratterait les murs et mutilerait les ornements d’une charmante habitation du seizième siècle, pour en faire une maison modern-style