Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/276

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— La bourse de voyage ou la vie ! Hein ?… Quoi ?… C’est assez drôle…

Mais, redevenu tout de suite homme d’affaires, il poursuivit plus posément :

— Voyez-vous… Pour un journal moderne… Il n’y a plus que ça… Ça et le théâtre… C’est, d’ailleurs, la même chose… à cette nuance près que si le crime amuse… le théâtre instruit… Instruire en amusant telle est ma devise.

Il tourna une page de son journal, discourut longuement sur l’ordonnance méthodique, rationnelle, des dix-huit colonnes, textes et dessins, consacrées aux faits et gestes du théâtre.

— Le théâtre va bien… approuva-t-il. Il n’y a pas à dire, il va très bien… Il progresse tous les jours… Ce Gavault ? Quel délicieux écrivain !… Et quel délice que cette Petite Chocolatière !… Mais on peut rêver mieux encore… On peut rêver d’enchocolater tous les théâtres de Paris du chocolat de cette petite chocolatière… Et je m’emploie à… à… comment dites-vous ça, dans votre langue de poète ?… à… concréter ce rêve… Il s’en faut de peu, d’ailleurs… Il s’en faut de rien… Quelques raseurs à décourager… et ça y est… J’étudie, en ce moment, un projet… un vaste projet de concours hebdomadaires, où, avec l’approbation des directeurs, avec l’aide de la critique, avec l’Académie française comme jury, je couronnerais, chaque semaine, ou seulement au fur et à mesure des besoins, la meilleure pièce de théâtre… Et par la meilleure