Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/56

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déprimé, comme vous savez… et pour Scholl, qui mourra dans la peau d’un fantaisiste impénitent !… Mais Sardou ! Voyons, là !… Ça n’est pas sérieux ! Oh ! si je lui avais offert pareille aubaine au temps où il vivait de pain noir chez un charbonnier… hein ! il n’eût point parlé comme il l’a fait ?…

— Pardon, cher maître, me permis-je d’interrompre… peut-être, en ce temps-là, n’eussiez-vous pas songé à lui offrir quoi que ce soit !…

— C’est ce qui vous trompe ! répliqua avec une forte conviction M. René Barjeau… En ce temps-là, non seulement j’eusse exhibé Sardou dans ma galerie de gendelettres, mais j’eusse exhibé avec lui le pain noir qu’il mangeait, et le charbonnier qui le logeait !… Mais, c’est évident !… Vous ne comprenez donc rien à mon projet ?

J’avouai que quelques éclaircissements sur ce projet que j’admirais en bloc, mais dont certains détails de mise en œuvre m’échappaient, me seraient infiniment agréables. Alors, M. Barjeau, avec une condescendance charmante, me fit asseoir près de lui, sous les clématites coutumières et plafonnantes :

— Eh bien ! voici, me dit-il… J’ai été accusé par des observateurs probablement superficiels, et, qui sait ?… peut-être venimeux, de vouloir exposer, sous la forme vivante et parlante de gendelettres, devinez quoi ? Des idées ! Des idées, oui, monsieur… C’est d’une absurdité vraiment