Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

garniture, l’ouvrage d’art, la maçonnerie, c’est-à-dire les devoirs, les principes, les sentiments, qui ne sont point la partie résistante, mais celle qui s’use, se change à l’occasion et se rechange. L’armature est plus ou moins dissimulée ; ordinairement, tout à fait invisible ; mais c’est elle qui empêche la dislocation, quand surviennent les accrocs, les secousses, les tempêtes imprévues, quand l’étoffe des sentiments se déchire et que se fend la devanture des devoirs ou des grands principes. C’est seulement en ces circonstances-là, et pour quelques instants, que l’on peut, parfois, apercevoir dans le cœur de la société, au centre des familles ou entre deux parties d’un ménage, leur armature à nu, le lien d’argent. Mais vite, on recouvre ça de sentiments neufs ou de principes d’occasion. On remplace les préjugés détériorés et les devoirs crevés… Et l’armature a supporté le tremblement ! Elle est restée en permanence pour maintenir scrupuleusement la forme et l’apparence des foyers domestiques, et pour recevoir la réparation dont a besoin la façade mondaine… »

Cette conversation que M. Paul Hervieu, dès les premières pages de son livre, fait tenir à deux de ses personnages, j’ai voulu la reproduire en tête de cet article, parce qu’elle explique, mieux que je ne saurais le faire, le symbolisme de ce titre : l’Armature, en même temps que l’intention générale de l’œuvre. Œuvre puissante de vie, implacable d’observation, effrayante de vé-