Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/115

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Dufrère

On ne cherche pas à vous atteindre ?

Courtin

Rien du tout… Le mot d’ordre, m’a-t-il dit, c’est : « Pas d’affaire… pas d’affaires !… pour toutes les affaires ! »

Dufrère

Ils sont d’ailleurs couverts par le certificat du médecin : « Tempérament cardiaque… Crise cardiaque. » Le docteur est formel.

Courtin

Ah ! c’est qu’on le suspecte un peu.

Dufrère

Comme médecin de l’établissement ?

Courtin

Non… à cause de ses opinions politiques. « Il est très mal noté », m’a dit le commissaire. C’est ennuyeux.

Dufrère

En somme, pas de mauvaises intentions contre vous ? Vous n’êtes pas visé ?

Courtin

J’ai sondé mon homme… Il est fin… Il m’a compris à demi-mot… « Monsieur le sénateur, m’a-t-il dit, j’ai connu un temps où nous dépendions du ministère de l’Intérieur… Aujourd’hui, nous ne dépendons plus que des journaux… Si vous avez une bonne presse… je ne mettrai même pas les pieds au Foyer… Mais avec une mauvaise presse ! »… Aussi, le ton de ce petit journaliste, tout à l’heure…