Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/122

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Mademoiselle Rambert, regardant Courtin.

Est-ce à propos de la petite Mézy ?

Courtin

Il ne s’agit pas de la petite Mézy… Un malheur est un malheur… Mais toutes les autres qu’on brutalise, qu’on martyrise ?

Mademoiselle Rambert

Monsieur le baron, vous le savez, j’ai élevé de grandes dames… Vous n’ignoriez pas non plus comment j’entendais élever des filles pauvres…

Courtin, interrompant.

C’étaient des théories…

Mademoiselle Rambert

On n’élève pas, comme des enfants de millionnaires, comme des filles de marquises, des petites malheureuses condamnées à rester, toute leur vie, ouvrières ou domestiques. Il faut les préparer à la misère qui les attend.

Courtin

Le fouet à la main ?

Mademoiselle Rambert

On n’a pas toujours le choix des moyens quand on doit mater les créatures que tous les démons travaillent.

Courtin

Et les témoins ?… Les autres… qui regardaient ?

Mademoiselle Rambert

L’exemplarité… Les punitions et les récompenses… avec l’exemplarité… toutes les religions, toutes les morales, toute la vie repose là-dessus… depuis le catéchisme avec l’Enfer, et le Paradis, jusqu’à la loi