Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/255

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D’Auberval

Vous vous moquez de moi… c’est mal…

Il s’assied sur un degré.
Thérèse, près de lui, son ombrelle sur les marches.

Mais non !… (Penchée, elle s’appuie sur son ombrelle, le menton au pommeau.) Après tout, vous me dites des choses très gentilles…

D’Auberval, se dressant.

Si je pouvais… Voyez-vous… je voudrais être spirituel comme il y en a, pour vous faire rire… voir vos dents… Et je voudrais aussi trouver des mots très tendres… Oh ! mais tendres, tendres, comme personne n’en a jamais entendu… (Geste de Thérèse.) et que pourtant vous puissiez écouter… Seul, c’est plus facile… Le soir, parfois, je vous dis des choses dont la douceur me met les larmes dans les yeux… Et vous êtes ravie…

Thérèse, doucement.

Ravie ?

D’Auberval

Pas vous… La vous que j’imagine… dont je rêve…

Thérèse, émue.

Réveillez-vous et taisez-vous… Comme c’est malin de me forcer toujours à faire le croquemitaine !… On peut parler aussi, sans rien dire… N’entendez-vous pas comme on vous écoute ?

D’Auberval, heureux.

Ah ! madame !… madame chérie !… (Thérèse se rembrunit.) Qu’avez-vous ?

Thérèse

M. Biron qui traverse le préau… éloignez-vous, je vous en prie…