Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/27

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vous regarde, vous surtout… Et puis vous n’êtes pas faite pour aller en fiacre. (Geste de Thérèse.) Non. Une vie plate, médiocre… vous ? ça n’a pas de sens ! Il vous faut le luxe, toutes les choses chères… Je m’étais fait un devoir, moi… une joie…

Thérèse, se levant pour aller s’asseoir sur le canapé.

Jetez-moi maintenant vos générosités à la tête…

Biron

Il n’est pas question de ça !

Thérèse

C’est bien vous !

Biron

Il n’est pas question de moi… Voyons… réfléchissez une minute… de sang-froid… (Thérèse, qui a croisé ses jambes, fait aller son pied.) Depuis que vous n’acceptez plus rien de moi… tout ce qui se passe ici, c’est lamentable… à pleurer… L’écurie vendue… la livrée diminuée… vous recevez beaucoup moins… Des bibelots disparaissent tous les jours… Vos bijoux…

Thérèse, jouant avec une longue chaîne de cou garnie de très grosses perles.

Mes bijoux ?… Qu’est-ce que vous chantez ?

Biron

Oui… oui… J’en ai trop acheté dans ma vie… On ne me la fait pas… Moi aussi je sais comment ça s’imite… Vos toilettes…

Thérèse

Tenez… ça c’est idiot… Je dépense beaucoup moins, je veux bien… Mais il y a longtemps que je n’ai eu un ensemble de choses aussi réussies que ce printemps…