Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/283

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L’Amante

D’ailleurs… vous ne protestez pas…

L’Amant

Comment… je ne proteste pas ?… Vous êtes tout à fait extraordinaire, ce soir… Mais si… je proteste… je proteste de toutes mes forces…

L’Amante

Non… Et voilà où je sens que vous ne m’aimez plus… Autrefois… vous auriez bondi…

L’Amant

Mais j’ai bondi… je bondis encore…

L’Amante

Pas comme autrefois.

L’Amant

C’est trop fort…

L’Amante

Maintenant, tout vous est indifférent… Tenez… cet après-midi… j’ai cru que j’allais mourir.

L’Amant, avec un profond étonnement.

Mourir ?

L’Amante

Et vous n’avez rien compris…

L’Amant

Mourir… cet après-midi ?… Jamais, je ne vous vue si gaie… si charmante… si heureuse… si amoureuse… souvenez-vous… dans le petit salon… voyons dans le petit salon… les rideaux fermés… le divan… mes caresses… ingrate… tes baisers… oublieuse…