Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Courtin, à Biron.

Prenez garde… Si les pauvres manquent de loisirs, d’autres en ont qui pensent pour eux… et les mènent… Et c’est bien là le danger…

Thérèse, désignant Dufrère qui attend.

Mon ami…

Courtin, poursuivant.

Eh ! c’est bien là le crime… (Ouvrant un dossier.) Tenez, voilà le dossier des Prix de vertu que m’a remis l’Académie. (Mettant son lorgnon.) À mesure que je l’étudie, je suis émerveillé… Je voudrais vous faire toucher du doigt tous ces trésors d’abnégation, de sacrifice… Mais les pauvres sont contents de leur sort… ils ne demandent rien…

Biron

Évidemment.

Courtin

Et savez-vous ce qui m’émeut le plus… ce qui, en même temps, me fortifie le plus dans mes idées ?… C’est que ce sont les êtres les plus humbles, les plus dénués, les plus ignorants… disons le mot… les illettrés…

Biron

Écoutez ça d’Auberval !

Courtin

Qui accomplissent les plus belles actions…

Biron

Braves gens !…

Courtin

Voilà ce que je voudrais faire comprendre… non