Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/50

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Non… Je voulais parler du penchant que vous avez pour la satire, on ne se défie jamais assez du penchant pour la satire… À force de décrier les mœurs du temps, on fraie son chemin à la Révolution.

Belair

Dieu m’en garde !

Courtin

Je savais qu’il suffirait de vous avertir… Retenez bien ceci… Rien n’est capital, pour le maintien de l’ordre, comme de taire le mal… Il est beaucoup moins important de faire le bien que de taire le mal… Taire le mal… taire le mal… l’empêcher, si l’on peut… mais, surtout, le taire…

Belair, un peu étonné.

Voilà une maxime que je n’aurai garde d’oublier.

Courtin

Elle vaut d’être méditée.

Il se lève.
Belair, se levant aussi.

Alors, mon cher maître, vous me permettez de compter sur votre appui ?…

Courtin

Vous pouvez y compter absolument.

Il lui tend la main.
Belair

Merci, mon cher maître… (Il se dirige vers la porte, reconduit par Courtin.) Si je ne craignais pas d’abuser, je vous demanderais la permission de vous mettre à contribution, pour une série… (Il s’arrête.) pour une série sensationnelle que je prépare au Figaro, sur ce que j’appelle