Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Thérèse

Hein ?

D’Auberval

Pourquoi ne m’avoir jamais dit la vérité ?… Je ne suis donc rien pour vous ?

Thérèse

Quelle situation ?… Quelle vérité ?

D’Auberval

Je vous en prie… ne dissimulez pas… Je sais… je sais tous vos grands ennuis… Et moi qui ne voyais rien. (S’exaltant.) Je ne veux pas que vous soyez malheureuse… qu’il y ait rien de changé à votre vie… Tout ce que j’ai est a vous… Oh ! que n’ai-je une fortune !… Une fortune !

Thérèse, émue, mais hautaine.

Je vous remercie de l’intention… mais de quel droit venez-vous ? Vous ai-je donné des droits pour me parler ainsi ?… (Sèche.) Quand j’ai besoin d’argent, j’en demande à mon mari. Quand il n’en a pas… je m’en passe !

D’Auberval

Pardon… pardon… Je vous ai blessée ?

Thérèse

Vous m’avez fait de la peine…

D’Auberval

Oui… je n’aurais pas dû… Pardon !

Thérèse

Ce n’est pas bien… (Le fixant.) On vous a dit du mal de moi. Non ?… Vous avez entendu dire du mal de moi ?… Enfin, vous avez entendu parler de moi, au cercle, hier soir ?